QU’EST-CE QU’UNE « ACTIVITE DE MEDIATION A VISEE THERAPEUTIQUE AVEC L’ANE » ?

 

« Pour moi, je l’ai pensé comme un espace de libre expression de soi... (dans la limite où sa liberté s'arrête là où commence celle de l'autre...), construit au rythme de l'âne et de chacun, en fonction du contact observé, pour élaborer un ou des projets de mises en situation et d'évaluation qui, par la répétition (lieu, moment dans la semaine, personnes présentes, ânes utilisés) peut permettre de rejouer certains liens pour ensuite savoir mieux les extérioriser et s'en défaire.

Dans un premier temps c'est une mise en contact avec l'âne et son environnement pour permettre aux encadrants en lien avec l'ânier d'observer ce que la personne exprime d'elle-même dans ce nouveau contexte (attention aux mises en danger, signes d'agressivité). La mise en confiance est là primordiale. L'ânier montre ses ânes et montre ce qu'il est et fait avec eux. Il verbalise les mouvements et comportements de ses ânes pour amener de l'appréhension à la compréhension. Petit à petit il est souhaitable que les encadrants prennent leur place, s'en saisissent et investissent la relation ; relation détachée du quotidien, donc plus facile à gérer pour eux-mêmes.
La nature de l'échange vient de l'intention du contact, du contact et de la sensation du contact. A nous donc de prendre le temps de laisser jouer ce qui se déroule et de mettre des mots sur cet échange.

Dans un deuxième temps, il se pose naturellement la question de ce qu'on peut faire avec les ânes, en mots et en actions. Il convient donc de prendre le temps d’observer la demande et de laisser chacun s'interroger sur ce qu’il est venu faire aux ânes. C'est chercher sur quoi on agit et réagit, pour qu'émerge un désir, lié aux réactions suscitées par le contact et la proposition de mises en situation présentées par l'ânier. A l’ânier de montrer ici tout ce qu’il est possible de faire et d’être avec les ânes et d’écouter. Qu'est ce que la personne exprime comme volonté ? Partir de sa motivation et non de nos attentes par rapport au projet !

Dans un troisième temps, par le biais de l'appréhension ou du désir lié à la découverte se crée un espace où il est possible d'envisager d'accompagner l'autre dans la réalisation de son désir (exposer sa demande, le compromis entre ce qui plait de faire et ce qu'il faut accepter pour le réaliser, vivre sa demande, le plaisir partagé, donné, reçu, la séparation, la continuité…)

Pour l'ânier, parfois, l'étape finale c'est regarder l'autre accomplir son activité. L'ânier est un passage dont un jour on se passe...

Une telle approche demande :

- un cadre sécurisant certes mais fluctuant, ouvert, qui génère son propre dépassement.
- des espaces (repérés en fonction de leurs utilisations).
- un ânier qui connaît ses ânes, capable d'empathie et d'adaptation.
- des ânes équilibrés, volontaires au travail de contact et d’échange.
- une équipe accompagnante motivée par leur propre demande.
- des écrits définissant la demande mais relatant surtout le contenu des séances et leurs évolutions.
- du temps : au minimum 10 rencontres pour que commence à s'installer quelque chose sur lequel on puise travailler en lien avec le quotidien (que les acquis vécus avec les ânes puissent se rejouer à l'extérieur) = pari gagné.
- des réunions en plus des séances ( au moins 3 : une avant, pendant et après).
- une dynamique constante pour se poser la question de ce qui se joue.

Si l'activité ne s'inscrit pas dans le temps, elle n'en est pas pour autant vide de sens. Une action ponctuelle peut très bien être intense et avoir des répercussions à vie (souvenirs). Mais prendre le temps de répéter les mêmes gestes pour qu'un rythme s'installe est facteur d’acquisitions. Quand le rythme s'installe, on souffle, il y a un lâcher prise : portage du groupe et du déplacement créé. Cette sensation se vit généralement en déplacement : à travers la marche, la carriole ou sur le dos de l'âne. Or le mouvement est le premier élément de la vie psychique pour Piaget.
Le rythme, l'habitude, la répétition des savoirs faire (par rapport à l'âne) font vivre de la confiance et du plaisir. Quand il y a rupture dans le rythme (un âne qui s'arrête en balade), on cherche à le retrouver. Il y a un temps d'apprentissage pour y arriver et lorsqu'on sait faire, il y a accomplissement et prise de confiance. La situation pourra se répéter, on saura réagir.
S'en souvenir, en reparler, garder trace du moment vécu, c'est s'en remplir et se l'approprier. Prendre le temps de vivre l'expérience afin de pouvoir faire appel aux réactions vécues avec l'âne dans d'autres circonstances. L'atelier devient un outil qui apporte de nouveaux modes de réactions dans le quotidien. C'est l'apport d'une pratique qui permet d'évoluer dans d'autres échanges…

… un mieux être pour un mieux vivre …
constaté à posteriori par les effets produits. »